Du Grand Hôtel Continental

à la Collectivité de Corse

Au commencement

Aiacciu, station d'hiver

À en croire les chroniqueurs, ce sont les médecins qui sont à l’origine de l’avènement d’Aiacciu comme station touristique.

Dès 1852, de célèbres praticiens se mettent à vanter les richesses naturelles de la ville, mais surtout la qualité et les vertus curatives de son climat. Viendront, ensuite, « les fondateurs » de la station. Ils prendront le relais en favorisant l’accueil et l’installation des premiers hivernants, notamment des Anglais et des Allemands. La construction d’hôtels de renom, les séjours de personnalités marquantes de l’aristocratie européenne achèveront d’asseoir la renommée et le prestige de la cité impériale. Le rêve deviendra alors réalité. Érigée en station hivernale de premier plan, Aiacciu le restera jusqu’en 1912… deux ans avant la première guerre mondiale.

AFFICHE : David Dellepiane (1866‐1932) Ajaccio – Corse
© CdC, musée de la Corse/Christian Andreani

En démontrant la supériorité de son climat, les médecins sont à l’origine du projet « Aiacciu, station d’hiver climatique ». Le premier d’entre eux est le docteur Donné, recteur de l’Académie de Montpellier. Enchanté de l’influence bénéfique du climat ajaccien sur la maladie de son épouse, il signe un article dans le « Journal des Débats » du 15 février 1852. « Je ne connais pas, écrira-t-il, de ville mieux située, plus jolie et plus gaie qu’Aiacciu. » Dix ans plus tard, un médecin anglais, le docteur Bennet lui emboîte le pas en disant d’Aiacciu qu’elle est « un des plus beaux points d’Europe, au climat bien meilleur que celui de la Riviera », imité successivement, en 1864 et 1868, par deux autres confrères, l’anglais Ribton et l’allemand Biermann.

Entre temps, le docteur de Pietra Santa, un des médecins de l’Empereur, a été officiellement chargé par Napoléon III de réaliser une étude de climatologie à Aiacciu. Une étude de quatre mois qui aboutira, en 1868, à la publication, sous sa signature, d’un ouvrage intitulé « La Corse et la station d’Aiacciu » dans lequel il écrit que la ville « offre en outre par ses eaux minérales des ressources très appréciables pour les valétudinaires, qui viennent s’ajouter aux conditions climatologiques et qui réservent à la nouvelle station le plus brillant avenir. » Aussi, attirés par les nombreuses vertus de cette terre, les compatriotes de ces médecins anglais et allemands ne tardent-ils pas à venir découvrir ce climat ajaccien tant vanté.
1868 : année décisive pour la promotion d’Aiacciu, station d’hiver. Mais avec l’arrivée des premiers hivernants, le manque de structures d’accueil se fera sentir de façon évidente. C’est alors que trois personnalités vont « monter au créneau » pour tenter d’y remédier et apparaître ainsi comme les véritables promoteurs du tourisme climatique insulaire.

En premier lieu, le comte Bacciochi, grand chambellan et surintendant général des Théâtres impériaux. C’est lui qui jette les bases du projet de la station d’hiver en décidant, en 1862, de la construction de quatre cottages dans sa ville natale et en obtenant du Gouvernement une liaison maritime entre Nice et Aiacciu.

La deuxième personnalité n’est autre que Miss Thomasina Campbell, célèbre ressortissante britannique et rentière écossaise, dont il a été dit qu’elle était tellement « désireuse de voir Aiacciu se muer en station hivernale » qu’elle multipliait les projets et les actions sans jamais céder à l’inertie de l’Administration.
La preuve en est la construction de l’église anglicane de la Trinité, réalisée à ses frais et par ses soins en 1878, sur le cours Grandval.

Ses « Notes sur l’Île de Corse », publiées en 1868, auront été autant d’invitations adressées à ses lecteurs. « Suivez-moi ! » écrivait-elle. (…) « Le paysage est bien trop beau et trop grandiose pour que j’ose espérer lui rendre justice. Le meilleur conseil que je puisse donner, c’est qu’on vienne et qu’on juge par soi-même ».
Vient, enfin, le comte Multedo à qui Aiacciu doit l’ouverture et la propriété de l’actuel boulevard Sylvestre Marcaggi qui, aujourd’hui encore, porte le nom de « Quartier des Étrangers ».
 Il faudra attendre 1877, pour voir le préfet Grandval, approuver, à l’instigation de dix personnalités dont le docteur Frasseto, le banquier Lanzi, l’architecte Maglioli, le major anglais Murray et le libraire Rocca Tartarini, la création de l’association « Aiacciu, station d’hiver… ». Son objectif étant de faciliter l’installation et le séjour des étrangers dans la ville. L’association deviendra syndicat d’initiative en 1904.

Tea time

in Aiacciu

Les premiers hivernants seront principalement des étrangers, dans le sillage de personnalités célèbres comme le major Murray, Miss Thomasina Campbell et le peintre Edward Lear qui laisseront de leur séjour dans l’île un témoignage révélateur de leur engouement pour Aiacciu. Ce seront, le plus souvent accompagnés de leurs domestiques, des rentiers à la recherche d’exotisme et de pittoresque. Leurs récits de voyages sont des mines de renseignements et d’observations sur des thèmes qui leur sont communs. S’étonnant du fait que la Corse n’ait pas plus de notoriété, Miss Campbell s’avèrera comme la meilleure propagandiste de l’île : « Il paraît incroyable que les montagnes, les mines, les marbres et les eaux minérales qui y abondent soient si peu connues, qu’un climat si délicieusement doux et en même temps, si fortifiant, soit si peu recherché. » Elle ne se contentera d’ailleurs pas de s’étonner. Elle ira jusqu’à dénoncer les causes de ce manque de notoriété de la Corse. « C’est la mode sur la Riviera, écrira-t-elle, de dire du mal de la Corse et de prédire toutes sortes de fièvres et de malheurs à ceux qui y vont. Je parle par expérience et je suis d’avis que tous ceux qui auront le courage de braver ces contes de vieilles femmes me remercieront d’avoir donné l’exemple. (…) » Installée à Aiacciu, Miss Campbell y croisera un peintre britannique Edward Lear, habitué à voyager et dont les publications relatives à l’Italie et l’Albanie remportent un tel succès que son public attendra avec impatience le récit de son voyage en Corse. Ses premières impressions seront celles d’un artiste qui relèvera l’absence de vestiges architecturaux dans un décor d’une magnificence toute naturelle. 

Mais après avoir sillonné l’île de long en large, sa première impression se modifiera sensiblement et il confessera que tant de beautés sont faites pour le peintre: « L’île offre au peintre qui y réside un champ d’investigations infini. »  Si Miss Campbell s’enthousiasme pour « un bord de la mer ravissant fait de beaucoup de coquillages, de sable très fin et de très beaux rochers (…) au contraire de Nice, où vous n’avez que de gros galets », Edward Lear, lui, appréciera davantage le futur cours Grandval – qui deviendra plus tard le quartier des Étrangers – où, selon Miss Campbell, ont lieu des courses de chevaux les 12, 13 et 14 mai, à l’occasion de la foire de Saint – Pancrace, et la route des Sanguinaires, où s’achèvent les travaux qui permettront de réunir Vignola à la Tour de la Parata.

Étrangers et continentaux en villégiature à Ajacci ne manqueront pas de visiter avec émotion la maison natale de Napoléon. Selon Miss Campbell, « Il n’est personne qui, venant à Ajaccio, ne soit curieux de voir la maison où est né Napoléon (…).
Il faut espérer que la ville d’Ajaccio tiendra à conserver les quelques reliques qui rappellent les jours d’enfance du Grand Homme, dont le nom seul fait honneur à Ajaccio et à la Corse ».
Une inquiétude bien légitime car, lorsque le prince Roland Bonaparte fait un voyage en Corse en 1887, la maison natale de l’Empereur est louée à une famille anglaise !
Émile Bergerat, qui l’accompagne, s’offusquera d’un tel manque d’égard de la part des Ajacciens : « Oh ! Cette demeure quasi sacrée, exploitée comme maison de rapport ! La sensation est rude tout de même (…) » Consultant, en 1913, le registre des visiteurs, René Bazin relèvera le passage d’Édouard VII, de la reine d’Angleterre et de la princesse Maud. « Je note aussi beaucoup de noms allemands sur ce cahier de papier. » La personne qui l’accompagne lui dira alors : « Ne vous étonnez pas. Nous voyons ici plus d’Anglais et plus d’Allemands que de Français continentaux. »

Le climat ajaccien sera le facteur principal de ce tourisme d’hiver et les étrangers ne manqueront pas d’en parler. Miss Campbell dira qu’aucun climat n’est aussi agréable que celui d’Aiacciu dont les mois les plus appréciables sont janvier et février. « La Corse, ajoutera-t-elle, est une des rares stations médicales où les malades peuvent rester avec profit pendant l’été, car à peu d’heures d’Ajaccio, il existe plusieurs villages dans les montagnes où l’on peut respirer un air tout aussi bon que celui des montagnes de la Suisse, sans en éprouver les fatigues du voyage. » Les étrangers attendaient beaucoup de ce climat salutaire. Pour se déplacer, Miss Campbell recommandera à ses amis de louer des voitures tirées par des poneys.
Elle ne manquera de leur rappeler, à ce propos, que « si, en 1840, il n’y avait qu’une seule route royale, l’île disposait à présent de neuf routes impériales, douze routes forestières et de cinq routes départementales. » Hôtels et logements en sont alors à leurs premiers balbutiements. Miss Campbell cite l’Hôtel du Nord, l’Hôtel de Londres, l’Hôtel de France, où elle descendra régulièrement à partir de 1869. Ces hôtels-pensions, frustes et bruyants, ne pouvaient espérer satisfaire une classe aisée habituée au luxe et au confort. Et c’est au moment où Miss Campbell entreprendra la rédaction de son ouvrage, qu’il sera question de la construction imminente d’un nouvel hôtel sur le cours Grandval d’où l’on jouira d’une très belle vue sur le golfe et la ville.

Fer de lance

du quartier des Étrangers

Le Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental sera édifié entre 1894 et 1896 par l’architecte Barthélemy Maglioli sur l’artère ouverte sous le Second Empire pour relier le Diamant au Casone. C’est au comte François-Xavier Forcioli-Conti, qui en prendra les frais à sa charge, que l’on doit sa construction. La gérance en sera assurée par l’hôtelier suisse, Théophile Hofer. Au centre d’un parc de 12 000 m2, le Grand Hôtel dispose alors de cent chambres et salons luxueux, d’une salle à manger fastueuse et d’un vestibule décoré d’une colonnade en trompe-l’œil. Il aura pour correspondants, à l’époque, le Winter Palace de Menton, le Carlton et le Hyde Park Hotel de Londres, l’Hôtel Ritz de Paris, le Grand Hôtel de Rome et le Frankfurterhof de Frankfort.

Comme un vaste rectangle allongé

L’édifice se présente comme un vaste rectangle allongé. Les matériaux de construction sont le moellon enduit pour les façades en maçonnerie, un faux appareil aux angles et le granit pour les colonnes du porche d’entrée. L’élévation antérieure sud, à quatre niveaux, est formée d’un corps central délimité par deux avant-corps s’élevant plus haut que le reste des toitures.
Les deux ailes sont dans le prolongement du corps central, encadrées par des chaînes d’angles à bossage. La façade est rythmée par des doubles bandeaux décoratifs.
Les deux avant-corps sont terminés par des loggias formées d’un arc en plein cintre soutenu par deux colonnes engagées à chapiteaux doriques. Au-dessus et au-dessous des loggias, se trouvent des guirlandes à motifs floraux. Dans la partie supérieure, on observe un cartouche avec effet de matière. Des consoles à volutes soutiennent l’entablement et, au faîte des toits des avant-corps, deux pommes de pin signalent le pignon.

L’entrée principale occupe le centre de la façade formée d’une arcade en plein cintre et ornée de deux colonnes cylindriques en granit aux chapiteaux ioniques. Le balcon à balustres du premier étage repose sur cet entablement.
Sur la droite de l’édifice, l’annexe était reliée à l’hôtel par le grand salon dont la façade est en bossage continu. L’entrée de l’annexe se distingue par un perron avec colonnettes en fonte surmontées d’une marquise et d’un garde-corps également en fonte. Les baies du premier étage sont surmontées, dans le corps central, de frontons curvilignes soutenus par des consoles à volutes.

***
Proche, par son style, des hôtels qui s’édifient sur la Côte d’Azur à la même période, le nouvel établissement offrira à ses hôtes parfois célèbres un confort luxueux, bien loin de l’époque pionnière de 1860.
Voici la description qu’en a faite Victorien du Saussay : « Le grand hôtel d’Aiacciu et Continental est le palais moderne de la ville. Il s’élève au-dessus de luxuriants jardins, sur le flanc d’une colline verdoyante où grandissent et fleurissent les fleurs et les arbres les plus divers.

Toutes ses fenêtres s’ouvrent sur le Sud. Il domine la mer avec une riante majesté. Du large, il s’offre comme un caravansérail de rêverie dans sa parure de palmiers géants. »
La distribution intérieure n’est pas en reste. Au rez-de-chaussée, se trouvent le hall d’entrée, le salon-repas sur la gauche puis les logements du directeur sur la droite. Toutes les dépendances sont orientées au Nord, cuisine, atelier, caves à vins, celliers, sanitaires.
La partie à pans coupés qui relie l’annexe à l’hôtel fait office de salon pour le petit-déjeuner et conduit à la salle de bal. Mais c’est bien la salle à manger qui témoigne le mieux de la qualité de l’établissement. « La salle à manger est remarquable par ses glaces, sa cheminée et ses peintures. Tout y est monumental. Au fond, une statue de femme tenant un aviron représente la ville d’Aiacciu, sous cette inscription : « Napoleonia Civitas », surmontée des armes de la ville et d’un aigle aux ailes déployées. (…) Enfin, audessus de la porte de la galerie, se trouve la tribune en anse de panier de l’orchestre ».

En 1903, la gérance du Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental passera entre les mains de Paul Lafond-Prével, propriétaire de l’Hôtel de la Trémouille à Paris. Celui-ci en modifiera le grand hall d’entrée, clôturant l’espace à l’aide d’immenses portes vitrées, créant ainsi un véritable jardin d’hiver. L’hôtel appartiendra ensuite à Maurice Prével, également propriétaire du Grand Hôtel de la Paix et de l’Hôtel Méditerranée à Nice.

Une clientèle de prestige

Les listes des hivernants que publie la presse locale de l’époque regorgent de princes, de comtes, de barons, autrichiens, allemands, anglais, mais aussi parisiens… la même clientèle aristocratique que celle de la Côte d’Azur. Une clientèle qui va faire la réputation du Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental.
Les personnalités européennes les plus en vue de l’époque fréquentent, en effet, l’établissement. On y verra l’empereur d’Autriche et roi de Hongrie, François-Joseph 1er de la dynastie des Habsbourg, ainsi que son épouse, Amélie-Eugénie-Elisabeth de Bavière, dite « Sissi » ou encore l’écrivain Jozef Konrad Korzeniowski, dit « Joseph Conrad », auteur entre autres ouvrages, de « Lord Jim » et de « Au coeur des ténèbres ». En 1902 et durant quatre semaines, son Altesse Royale le Duc Georges II de Saxe- Meiningen y séjournera et en repartira, satisfait de sa santé, non sans avoir distribué des décorations aux fonctionnaires de la ville en remerciement du bon accueil qui lui avait été fait. Si cet édifice a pu, ainsi, participer au développement de la ville sous le Second Empire et la IIIème République, on le doit bien sûr à ses propriétaires qui sont parmi les plus entreprenants des hôteliers ajacciens. « Ils mettent au point, lit-on sous la plume de Francis Pomponi, dans l’ouvrage « Histoire d’Ajaccio », un produit touristique plus raffiné en ajoutant au charme de leurs structures d’accueil – vastes salons, chambres spacieuses avec bains, jardins exotiques, terrasses ombragées, décors d’un baroque luxuriant… là encore suivant le modèle azuréen – le séjour à la montagne, à la Foce de Vizzavona (…) »

Un certain Téophile Hofer

Mais ce serait faire injure à la vérité que d’oublier le rôle éminent joué dans la réputation internationale du Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental par son gérant, le suisse Théophile Hofer. Celui-ci avait acheté en 1880 le « Germania », un hôtel ouvert en 1868 au numéro 10 du cours Grandval par un certain Gerhard Dietz, natif de Hanovre. Un hôtel où selon, un témoin de l’époque, on pouvait croiser « une longue procession de dames en fraîches toilettes, de cavaliers qui, venus à Aiacciu malades et fatigués, avaient recouvré une santé robuste et paraissaient avoir un non moins robuste appétit. Français, Allemands, Russes, Polonais, Italiens, Autrichiens, Espagnols se coudoient et prennent place les uns auprès des autres, sans se préoccuper des haines et des rancunes de la politique (…). Dietz a résolu un problème qu’on chercherait vainement à débrouiller dans les plus riches hôtels de Nice et des stations méditerranéennes : la vie élégante et confortable à bon marché.»
Le premier acte du nouveau propriétaire sera de changer le nom de l’établissement qui deviendra alors « l’Hôtel Continental » sans rien perdre de sa réputation. Bien au contraire, puisque, à en croire le Guide Joanne, « l’établissement offrait tout le confort des hôtels de premier ordre : cuisine française et vins de premier choix, salon de réunion, bibliothèque, fumoir, jardin et vastes forêts d’oliviers attenantes à l’hôtel. Les prix y étaient modérés. Un médecin était à la disposition de la clientèle dans l’enceinte même de l’hôtel et des soins spéciaux pour les malades y étaient pratiqués. »
Lorsque, en 1896, Théophile Hofer accepte de prendre la gérance du Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental, l’ex-hôtel « Germania » devient une annexe du Grand Hôtel et sa vaste salle sera aménagée en salle de fêtes. « C’est là qu’auront lieu les bals organisés par la colonie étrangère pour rompre la monotonie de la vie hivernale. »

Alors que les yachts luxueux sont de plus en plus nombreux à fréquenter régulièrement le port, bals et réceptions, animés par l’orchestre italien du Grand Hôtel, réunissent dans les salons de l’établissement l’aristocratie étrangère et les personnalités du « gotha » ajaccien. Tout comme le pavillon de l’Ariadne qui en est une dépendance et qui accueille sur la plage de Barbicaja ce même public.
Les Ajacciens réservent le meilleur accueil aux hivernants conviés à toutes les fêtes : bals au Grand Hôtel, chez le préfet, chez le vicomte Sebastiani ou chez Jean Lanzi, riche commerçant. Ils assistent également à des concerts organisés au Grand Café Napoléon.
Situation qui satisfait grandement le Dr Bennet : « À Ajaccio, il y a une très bonne et très aimable société, tant corse que française. Ainsi, il y a le préfet, centre de tout ce qui se fait dans le monde comme il faut, les juges, les magistrats, les officiers de la garnison, les ingénieurs, les hauts employés et beaucoup d’anciennes familles corses. Tous ceux avec lesquels j’ai été en rapport m’ont semblé imbus de sentiments d’une extrême bienveillance pour les visiteurs tant nationaux qu’étrangers, et désireux de leur être utile ».
C’est dans cette ambiance euphorique que le Grand Hôtel d’Ajaccio et Continental, à l’instar de la Tour d’Albion, résidence de Miss Campbell léguée à lord Bradshaw, fera figure de proue de la high life société d’Aiacciu durant les deux décennies qui précèderont la grande guerre.

l’hôtel de la

Collectivité de Corse

Institué par la loi du 2 mars 1982 portant le statut particulier de la Corse, le siège de la Région de Corse est logé provisoirement à la Villa Pietri, au Casone, et l’Assemblée de Corse, alors présidée par Prosper Alfonsi tient ses sessions au Palais Lantivy.

Aiacciu est décrétée capitale régionale en 1983 et la volonté d’y créer un bâtiment neuf pour héberger son institution est adoptée mais vu la nécessité pressante de répondre aux exigences de l’administration régionale, le « Grand Hôtel et Continental ?» alors propriété de la famille Raccat est loué.
En août 1984, Jean-Paul de Rocca Serra, alors Président de l’Assemblée de Corse souhaite que la Région puisse s’installer dans un immeuble lui appartenant. En 1987, il décide de trancher le débat en convoquant l’Assemblée de Corse pour adopter une délibération relative à « l’implantation du siège de la Région ». En même temps, des négociations sont engagées avec les propriétaires du « Grand Hôtel » qui donnent leur accord de principe pour une cession, la veille de la réunion de l’Assemblée de Corse du 25 janvier 1988. Elle confirmera sa délibération après un débat historique qui s’est déroulé dans une atmosphère tendue en « désignant Ajaccio comme lieu d’implantation de l’hôtel de la Région ». L’acquisition des bâtiments et du parc se fera en deux temps. Un projet architectural destiné à regrouper les services par la création de bâtiments est élaboré par l’architecte régional François Van Cappel de Prémont et développé par le cabinet Guidicelli.
En 1990, la façade et les jardins sont inscrits à l’Inventaire Supplémentaire des Monuments historiques affirmant la volonté de préservation de la qualité architecturale d’origine des façades.
De 1992 à 1996, la première phase d’extension est réalisée avec la création d’un bâtiment situé à l’arrière de l’ancien « Grand Hôtel » devant recevoir notamment les services administratifs et la conception de la nouvelle salle des délibérations.
Quant aux anciens bâtiments, ils seront entièrement réaménagés entre 1996 et 1998 et abriteront les cabinets des Présidents du Conseil Exécutif et de l’Assemblée de Corse ainsi que les bureaux des groupes politiques.

La salle des délibérations

Ce qui est remarquable, c’est l’esprit dans lequel ont été menés, à la fois, les travaux de réhabilitation d’une surface de 4 200 m2 et les travaux d’extension de 8 300 m2 de l’ancien édifice, car tout y a été disposé pour préserver le site et créer une belle harmonie entre les bâtiments existants et les espaces de travail. La salle des délibérations est cependant l’élément architectural le plus remarquable de l’extension. De forme ronde, elle permet de trouver l’équilibre entre les tribunes des deux présidences, les travées réservées aux conseillers, les places offertes à la presse et au public. Ainsi, « dans un rond tout le monde est au centre » et les débats sont favorisés. Le traitement de son sol en granit et en parquet formant une rosace accentue cet effet. Les matériaux, cuir, bois, granit, stuc donnent également une ambiance raffinée et intemporelle au lieu. Rien n’est laissé au hasard et ce, jusqu’à aujourd’hui où des modifications ont été apportées permettant la présence de conseillers plus nombreux (63 au lieu de 51) suite à la fusion des trois collectivités le 1er janvier 2018 (les deux anciens Conseils Départementaux et la Collectivité territoriale de Corse​) sans en perturber l’harmonie.

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